Le 12 août 2024 aura marqué un tournant dans l’arène politique de la République Démocratique du Congo. Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge a été élu président du Sénat avec une majorité écrasante de 84 voix sur 96, clôturant ainsi une saga politique qui aura tenu en haleine les observateurs et les acteurs de la vie politique congolaise pendant plusieurs mois. Cette élection est le résultat d’un processus complexe, mêlant ambitions personnelles, rivalités régionales et enjeux de pouvoir liés aux prochaines élections de 2028.
Le parcours d’un ancien Premier ministre.
Sama Lukonde, qui a occupé le poste de Premier ministre de février 2021 à février 2024, est un visage bien connu de la politique congolaise. Son mandat à la Primature, bien que marqué par une gestion globalement discrète, a laissé un sentiment mitigé. Le bilan de son passage à la tête du gouvernement a été critiqué négativement par certains pour son manque de résultats tangibles et d’initiatives décisives et positivement par une grande majorité des RD Congolais, ce qui a comme conséquence la tête du sénat qu’il brique aujourd’hui la tête haute. Toutefois, Lukonde, en tant que fidèle soutien du président Félix Tshisekedi, se positionne désormais comme un pilier clé de l’architecture politique mise en place par le chef de l’État.
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L’enjeu du poste de président du Sénat.
Le choix de Sama Lukonde pour présider le Sénat ne se limite pas à une simple évolution de carrière. En effet, cette nomination est aussi un pied de nez aux aspirations du parti présidentiel, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, UDPS, qui a multiplié les pressions pour que ce poste stratégique reste sous son contrôle. Avec le président Félix Tshisekedi qui se trouve en proie à une Union sacrée prête à exploser et au fait que le président Tshisekedi brigue un son dernier mandat constitutionnel, le rôle du président du Sénat prend une dimension cruciale.
En tant que dauphin constitutionnel, le président du Sénat est le premier dans l’ordre de succession en cas de vacance du poste présidentiel. Le choix de Sama Lukonde par Félix Tshisekedi semble non seulement viser à préserver le pouvoir au sein du camp présidentiel, mais aussi à préparer les élections de 2028, auxquelles il ne pourra pas se présenter. En choisissant Sama, une personne qui ne constitue pas ouvertement une menace pour lui, Tshisekedi cherche également à gérer les ambitions au sein de sa propre famille politique.
Une désignation sous haute tension.
La désignation de Sama Lukonde n’a pas été sans heurts. La compétition pour le poste de président du Sénat a été marquée par des tensions au sein de l’Union Sacrée, la plateforme présidentielle, et des débats animés concernant la succession et le maintien de l’influence politique du parti. Les caciques de l’UDPS ont longtemps revendiqué ce poste, considérant qu’il est vital pour garder le contrôle sur les institutions et préparer l’avenir politique du parti, cette élection a pris une tournure d’autant plus significative, rendant l’élection du président du sénat d’autant plus stratégique pour sécuriser l’héritage politique du Président Félix Tshisekedi.
Attentes et perspectives
Désormais à la tête du Sénat, Sama Lukonde doit faire face à des attentes élevées, tant de la part de ses partisans que de ses détracteurs. Sa réputation de technocrate discret, mais efficace, sera mise à l’épreuve dans ce nouveau rôle. Il devra non seulement démontrer sa capacité à présider avec autorité, mais aussi à naviguer dans un environnement politique complexe où les rivalités et les intérêts divergents sont omniprésents. Sa réussite dépendra en grande partie de sa capacité à faire preuve de leadership et à jouer un rôle clé dans la consolidation de la vision du président Tshisekedi tout en répondant aux défis politiques du pays.
Si Sama Lukonde parvient à surmonter les défis qui se dressent devant lui, il pourrait bien redéfinir son rôle et son impact dans la politique congolaise. Reste à voir comment il saura transformer les attentes et les espoirs en réalisations concrètes pour le pays.
Rédaction | Empreinte Magazine.