Entretien avec Erick Khaloko


Qui est Erick Khaloko ?
Je réponds au nom de Erick khaloko, un enfant d’un ex agent Gécamines qui s’appelle Mujinga Kamwanga Mazimba Eliot et Mulange Ngweza Maria, tous en vie à Lubumbashi.
Je suis né le 28 Juillet 1979 à l’hôpital Gécamines sud de Lubumbashi précisément à 19h.

Quel est le parcours de Erick Khaloko depuis son enfance ?
J’ai principalement évolué dans les camps Gécamines pendant mon jeune âge où j’y ai fait mes écoles prématernelle et maternelle.
J’ai eu mon certificat d’études primaires à l’école Mumbunda toujours à la cité Gécamines Lubumbashi pour poursuivre mes études secondaires à l’institut Technique Kitendo de la Gécamines en première ajustage où je m’étais vite ravisé pour suivre ma passion qui était celle pédagogique, celle de devenir avocat comme je le voyais chez mes oncles paternels. C’était aussi une orientation obligée de mes parents, j’ai donc abandonné l’EP Kitendo pour à l’institut Taalamu de la Commune de Katuba au niveau de CEPCE pour ceux qui connaissent bien le coin. Pendant deux ans, j’y ai évolué avant d’aller rejoindre l’institut KISIMA II des sœurs de Kongolo pour encore deux ans.
Les deux dernières années du cycle secondaires je les ai faites à l’IAP où j’ai décroché mon diplôme d’état en pédagogie générale avec 54 Pourcents vers les années 1998.

Quel a alors été votre parcours universitaire ?
Après j’ai été inscrit directement à l’université de Lubumbashi au département des sciences de l’information et de la communication oµ j’ai passé deux ans, mais malheureusement je n’avais pas pu terminer les études suite à plusieurs circonstances de la vie qui ne m’ont pas permis de continuer et c’est à cette période de ma vie que je m’étais lancé dans la vie active en 2003 et jusqu’à ce jour j’y suis avec un statut de parant de cinq enfants.
Erick Khaloko aujourd’hui est détenteur d’un diplôme universitaire ?
Erick Khaloko est détenteur d’un diplôme dans les sciences de l’éducation, éducation à la paix de l’institut universitaire Maria Malkia, aujourd’hui je suis en dernière année de licence de cette même institution en paix et gouvernance.

Dans la vie active, par quoi avez-vous exactement commencé ?
J’ai commencé mes activités par la culture déjà que depuis mon bas âge, étant bercé par la musique JECOKE (Jeunes Comiques de la Kenya) ou mon père presté et est à compter parmi les précurseurs de cette danse dans le milieu Gécamines depuis 1982. Cela permet de voir et comprendre que j’ai pratiquement évolué dans cette musique culturelle depuis tout petit jusqu’à ce jour.

Je suis un fils d’un artiste chanteur danseur et donc j’ai hérité de quelques valeurs culturelles de par le milieu familial c’est-à-dire mon papa, et aussi quelqu’un qui m’a inspiré à faire du monde de la culture mon champ de bataille, c’est son grand frère, un cousin à papa, Mufwankolo wa Lesa Mwana wa Nzami, de son vrais nom Kyembe Kaswili Odilon. C’est grâce à eux que j’ai eu le gout de faire de la culture une passion. En voyant mes parents qui à leur niveau avaient compris que la culture était un moyen d’aider, un moyen de véhiculer des valeurs de vie, le savoir vivre, le savoir faire et donc personnellement j’ai beaucoup hérité d’eux et je n’ai pas vu d’inconvénient à leur emboiter les pas et continuer la noble tâche qu’ils ont commencée.

Donc vous avez vraiment été l’un des acteurs clés de cette révolution culturelle ?
De 1982 jusqu’en 2023, j’ai été acteur majeur du groupe JECOKE j’étais danseur, chanteur et compositeur et d’ailleurs lors de l’entrée de Mzee Laurent désiré Kabila, j’avais composé une chanson pour encourager les activités au niveau de L’assemblée constituante et législative et cette chanson passait chaque jour avant le journal télévisé de la Radio Télévision Nationale Congolais (RTNC) Katanga.
Pendant que Mzée était vivant, j’ai eu la chance de prester plusieurs fois devant lui et je n’oublie jamais mon spectacle que j’avais eu à l’hôtel Karavia devant lui. Ce soir je me rappelle il été très content, c’était en 1997 je pense et pour la première fois dans ma vie j’avais reçu de ses mains 1000$, la grande somme d’argent que je n’avais jamais vue ni touchée dans ma vie. C’était des mains du Président de la République de l’époque, Mzee laurent Désiré Kabila que je les avais eus.
C’était je me rappelle la nuit à Karavia que nous l’avions rencontré accompagné de plusieurs présidentes d’Afriques australes et de ses amis, il avait exhibé quelques pas de danse, il s’est souvenu de la danse JECOKE comme un patrimoine culturel Katangais et donc c’était pour moi un plaisir d’avoir devant moi quelqu’un de grand qui s’était souvenu d’une culture véhiculée à travers une danse qu’au jourd’hui je suis fier de porter, Je suis un jeune qui danse JECOKE.

Vous ne vous étiez pas limité qu’aux prestations officielles ?
Pas du tout, après cela, j’ai accompagné la Gécamines dans beaucoup d’activités au niveau des sièges, dans des manifestations des mangeurs de cuivre. J’ai sillonné presque tous les sièges Gécamines entrain de danser pour égayer la masse laborieuse de la Gécamines.
Les JECOKE et moi avons été membre de la maison des jeunes Gécamines pendant beaucoup d’années et je me rappelle que nous n’étions pas payés mais recevions beaucoup de primes et on voyageait aussi beaucoup.
Avec les JECOKE, papa a eu à faire voyager beaucoup de personnes en Europe pour aller danser, les gens sont partis à Kinshasa, vous voyez, nous avons participer à la conservation de culture dans le grand Katanga par le JECOKE qui ne devait pas mourir. Aujourd’hui si la flame de la danse JECOKE est toujours allumée, c’est parce que notre famille, mon papa, moi-même personnellement avons beaucoup fait et continuons à le faire parce que c’est vraiment un patrimoine Katangais que nous devons préserver comme une pièce précieuse.

Êtes-vous satisfaits de ce que vos parents ont fait ?
Je suis très satisfait car je leur dois tout. Il est vrai qu’ils n’ont pas fait beaucoup de choses sur le plan visibilité pour qu’on puisse les connaitre à travers le monde mais moi je pense aller au-delà de nos frontières pour que la culture puisse avoir sa raison d’être en tant que vecteur d’unité, vecteur de cohésion entre peuples, entre personnes pour que nous puissions espérer vivre ensemble.
En dehors du Jecoke, que faites-vous d’autres ?
Je suis aussi dans plusieurs activités culturelles. J’ai compris que la culture pouvait unir beaucoup de peuples et c’est comme ça que j’ai commencé en 2019 le tournage d’un film documentaire au niveau de la communauté Lwanzo Lwa Mikuba où il fallait expliquer l’histoire d’une manière résumée des communautés et ethnies qui composent la Sangaphonie.
Nous avons commencé en 2019, nous avons terminé 12 mois après, ça nous a pris beaucoup d’énergie, beaucoup de temps et beaucoup de moyens et Dieu Merci, nous avons pu terminer ce travail-là.

Nous continuons le marketing de cette œuvre bien évidement je pense que dans les jours à venir nous seront capable de disponibiliser les supports sur les chaines de télévision traditionnelles parce qu’en ligne nous avons déjà trois épisodes pour que nos amis membres de la communauté et aussi les scientifiques continuent à explorer la communauté Sangaphone.
Après le film documentaire, nous avions entamé aussi une activité dans le sens de la production musicale, au jour d’aujourd’hui nous avons trois réalisations dont la dernière est en chantier.
Le premier album nous avons produit l’artiste Infrapa Sebastion de son nom, nous l’avions produit en 2019 avec 12 titres, après nous avons produit Tina Mebu Mpande avec un album de10 titres et aujourd’hui nous sommes en laboratoire avec un troisième album de Parnela Kabunda qui sortira en Décembre de l’année 2022 en cours.

Vous évoluez donc dans plusieurs secteurs culturels ?
Oui, je peux dire que nous avons plusieurs axes culture, le premier c’est production des films documentaires, le deuxième la production musicale et le troisième est celui de la production théâtrale ou nous sommes quasiment à la fin du terme d’un contrat avec la troupe théâtrale Mufwankolo pour que nous puissions maintenir le théâtre traditionnel tel que l’avait voulu le feu Mufwankolo Wa Lesa, A part cela nous avons le projet de production d’un dessin animé pour que nous puissions donner aux enfants la chance d’avoir des supports vidéo en dessin animé qui retracent les valeurs de la culture pas seulement du grand Katanga mais aussi de ceux qui vont au-delà de l’espace du grand Katanga pour que l’unité Katangaise sur le plan culturel soit une réalité de vie.
Nous sommes aussi dans la production des spectacles culturels, c’est-à-dire que nous organisons des manifestions et avons commencé par la production d’une manifestation dénommées l’unité dans la diversité culturelle, l’année 2023 sera à sa deuxième édition et l’objectif de cette manifestation est d’exprimer l’unité culturelle, celle des peuples vivant dans les deux provinces du Haut-Katanga et du Lualaba.

Pourquoi seulement dans les deux provinces du Haut-Katanga et du Lualaba ?
Cela est dû au fait que ces deux provinces sont relativement proches. Nous ne voulons pas pour l’instant aller dans le Tanganyika, dans le Haut-Lomami ou dans les autres provinces. Nous commençons d’abord par les provinces qui nous sont proches et nous espérons que demain nous seront capables d’aller au-delà, pourquoi pas atteindre les 26 Provinces et pourquoi ne pas faire une activité culturelle de grande envergure au niveau de Kinshasa pour exprimer l’unité dans la diversité culturelle parce que sans l’unité nous ne pouvons pas avoir le changement.
Pour nous la culture est un vrai pont qui unit les peuples, un pont qui doit plus consolider les liens de famille, les liens de paix.

Quel est selon vous la place de la culture dans une société ?
La culture a une place très très prépondérante, elle a des ramifications dans tous les domaines de la vie dans la société. Je commence d’abord par le mariage, que vous soyez chrétien, musulman, athée, vous avez besoin de passer un processus, une procédure de mariage, par un canevas que vous n’avez pas initié vous-même.

A partir du mariage nous avons le fondement de la culture, à partir du mariage nous avons les prérequis, parce que on ne peut pas parler d’union de deux personnes sans parler de leurs origines et quand on parle des origines, nous voyons l’identité et quand on parle de l’identité, nous voyons quelque chose qu’on a hérité d’une manière involontaire, il y a des prérequis, des valeurs que nous avons acquises d’une manière involontaire.
Donc la culture se retrouve entre autres par le mariage et elle définit notre vie en société. Tous ces contacts, mixage, brassage des cultures dans la société représentent pour nous un élément très important parce que la culture transcende même la religion, la connaissance en termes de d’études.

La culture est au-delà de tout, la culture couvre pratiquement toutes les facettes de la vie d’une société et donc pour moi je pense que la culture est très importante, elle est utilisée parce qu’elle est dépositrice des valeurs pas seulement ancestrales mais des valeurs de vie en société véhiculé par ceux là qui nous ont précédés.

Aujourd’hui la culture est entrain de disparaitre, quelles sont les causes de cette disparition ?
La culture a subi beaucoup de pressions, la culture, je prends spécifiquement la culture africaine a subi beaucoup de faits de la colonisation, la colonisation nous a dépossédé de notre patrimoine culturel, la colonisation nous a formaté à 100%, la colonisation a déplacé les bornes de la culture, elle nous a aculturé et est donc l’élément clé qui justifie que l’africain, le congolais d’une manière particulière perde le sens même de la culture.
Par exemple on t’a dit que tu es moche et tu l’as cru, on t’a dit que ce que tes ancêtres faisait était de la sorcellerie et tu as cru jusqu’à tout rejeter en bloc, rejeté tout ce que faisaient nos alleux.
Il y a aussi la religion, je ne veux pas ici condamner l’évangélisation emmenée par les missionnaires mais on devra peut-être aujourd’hui repenser ou re écrire notre histoire. Pendant que nous récrivons notre histoire, nous définissions notre manière de la culture.

Quelles sont les causes exactes ?
Le premier élément étant la colonisation, le deuxième élément aujourd’hui c’est le brassage de culture, la culture est aujourd’hui entrain de subir des modifications et au choc des migration, au choc ces brassage des peuples, il y a toujours une nouvelle culture qui née.
C’est comme ça qu’à Lubumbashi, vers les années 60, 80, Lubumbashi a connu un mouvement migratoire qui a donné naissance à un certain comportement, une façon de vivre qui a donné naissance à une culture donnée. L’exemple typique c’est le parler, le swahili de 80 et celui de 2022, c’est deux swahilis totalement différents tout simplement parce que la langue subit aussi ce brassage de culture et il y a toujours des modifications, il y a quelque chose qu’on ajoute et quelque chose qu’on retranche vu que l’autre amène aussi quelque chose sur la table avec laquelle nous devons composer.
La culture continue toujours à subir des modifications mais je dois préciser que nous devons prendre les modifications ou les pressions que la culture subit comme une opportunité parce que du choc de ces idées-là, du choc de ses migrations naissent une nouvelle nature des gens, les gens s’acceptent, ils s’accordent et se disent comment ils doivent vivre.

Il y a le côté négatif comme je l’ai souligné sur l’acculturation favorisée par la colonisation, au jour d’aujourd’hui, cette culture a la possibilité de renaitre, comment est ce que nous pouvons faire renaitre la culture en nous, c’est de rentrer maintenant en nos valeurs ancestrales. Je suis d’avis avec ceux là qui disent qu’on ne peut pas tout prendre de nos valeurs ancestrales, il y a des aspects qui pourrissent la vie en société comme la sorcellerie, les mauvais sorts, tout ce que l’homme peut utiliser contre son frère, contre son semblable peut être utilisé comme une arme et qui peut détruire.

Mais prenons maintenant la culture dans le sens ou vous voulez redorer son image c’est-à-dire prendre les fait positifs dans notre culture c’est que du temps de nos ancêtres, il n’y avait par exemple pas de tribunaux, l’arbre à palabre était le moyen le moins cher pour résoudre les conflits entre les gens et si vous avez un problème c’est aller vers le chef détenteur du pouvoir coutumier ou voir les notables en famille pour se réunir, parler et terminer tous les problèmes et personnes l’allait en prison.

La culture qu’on a rejetée parce que nous voulons aller dans le langage de la force, donner plus du poids, de la valeur à l’état qui doit régir la cité tout en oubliant comment nous vivions avec nos ancêtres n’est pas bonne.

Avons-nous une chance de rentrer tant soi peu dans les anciennes valeurs.
Nous pouvons repenser notre façon de faire la culture car elle nous unie par exemple avec les noms que nous portons ils ont tous des significations ; Du moment où on connait la signification de nos noms, on sait d’où on vient et c’est facile de tracer l’arbre généalogique. On sait déjà se dire que c’est mon frère et on n’a pas besoin de se faire du mal, on a besoin de voir plus ce qui nous unit que les aspects qui nous divisent. Nous avons les noms, nous avons la danse, nous avons le Tam-Tam, c’est tous ces éléments qui peuvent nous permettre de rentrer sur le bon chemin et pourquoi ne pas apporter un plus dans le vivre ensemble.

La civilisation aujourd’hui est présentée comme un couteau à double tranchant à la culture parce que quand on amène une civilisation par exemple celle occidentale qui demande d’oublier totalement ce que vous faisiez, là c’est perdre les repères culturels et quand on perd les repères culturels c’est la mort d’un peuple parce que vous n’allez même plus vous souvenir de vos arrières grands parents. On va vous demander de porter un nom que vous ne connaissez pas et c’est inacceptable.

Prenez l’exemple de nos amis déportés de l’Afrique vers les états unis, aujourd’hui ce sont des gens perdus et ils sont rares qui disent qu’ils sont africains. D’une manière générale ce sont des gens qui sont totalement perdus. Nous avons la possibilité d’utiliser, de chercher des moyens qui peuvent nous unir en termes de culture et donc nos origines.

Quel est l’impact que le film le Lwanzo Land a eu depuis sa sortie une année après ?
Je ne sais pas évaluer l’impact à partir du moment où je suis le destinataire direct, c’est peut être à l’audimat de m’évaluer et d’évaluer aussi son échos, mais les retour que j’ai à ce jours sont que c’est une première expérience, cela n’a jamais existé, depuis que la communauté à exister, je n’ai pas trouvé de repères, pour dire il y a quelqu’un qui avait commencé dans ce sens sur le plan cinématographique, que je peux copier et améliorer ; ça a été un travail très ardue, un travail difficile voire même très compliqué parce que on se retrouvait dans des situations où nous étions contre des murs par manque de personnes qui pouvait nous aider à avoir plus d’éléments.
Des fois nous étions bloqués parce que lorsque nous consultions internet par exemple, nous allions dans des bibliothèques où il n’y avait presque pas d’ouvrages parlant d’une manière détaillée de la Sangaphonie.

Ce n’était donc pas une tâche facile de part ce que nous entendons.
Je dis Merci à la communauté Belge parce que j’ai trouvé beaucoup d’éléments qui parlent sur les expéditions pendant la période post coloniale, des gens qui ont parlé sur nos communautés d’une manière ramassée, et des fois avec beaucoup d’erreurs. Parce que nous n’avons pas eu la chance d’avoir beaucoup d’écrivains qui ont relaté l’histoire de chez nous. Cette carence sur le plan scientifique a été un grand défi pour nous, un mur parce que 70% des livres que nous avons lu étaient écris par des blancs, les Congolais ont peu écrit.
Par exemple quand on va au théologicum de Lubumbashi, il n’y a pas plus de 3 ouvrages qui parlent de la Sangaphonie, quand je parle de la Sangaphonie, je vois les communautés Sanga, Yake, Lomotwa, Kahonde, Banweshi, Bansanga Bena Nzovu, de ces 6 ethnies phare, il n’y a pas beaucoup d’éléments dans les bibliothèques ou encore sur le marché et cela a constitué un mur, des difficultés énormes que nous avons rencontrées.

Pouvons-nous dire que l’œuvre a vraiment été consommées ?
L’écho que j’ai aujourd’hui est que les gens ont aimé, ils ont aimé parce que pour la première fois ils ont vu les images des plus lointaines contrées de la communauté Sanaga, ils ont beaucoup aimé parce qu’ils ont palpé la vie dans nos villages, ceux-là qui habitent les centres urbains ont eu par exemple la chance de voir leurs chefs coutumiers, chefs de groupements, de les écouter parler. Ils ont aimé parce que nous avons donné une idée sur la vie sociale dans nos villages, ils ont aimé parce que les notables ou les membres de la Sangaphonie qui habitent les centres urbains ont parlés de leurs villages.
Nous pouvons savoir aujourd’hui où nous avons mis la barre, nous pouvons savoir qu’est ce qui nous a manqué et ce que nous devons ajouter dans notre façon de travailler.

Avez-vous raconté toute l’histoire de la sangaphonie ?
Cette longue expédition nous permis de savoir que nous avons oublié certains aspects sur l’histoire des Basanga de 1950 à 1960 parce que nous pensions qu’avant 1960 l’association des Basanga n’existait pas, les interviews que nous avons eus nous ont limités 1960 et c’est après le film que nous avons le feedback qu’il y a certaines personnes encore en vie qui peuvent nous donner l’histoire des Basanga de 1940 à 1960. Ce sont donc des échos que moi j’apprécie beaucoup et qui vont me permettre de bien réajuster les titres, améliorer et corriger.
D’autres échos négatifs c’est qu’il y a des aspects de la vie que nous avons présentés et qui n’ont pas tenu compte de la vie intrinsèque de certaines communautés. J’ai parlé par exemple de la communauté Bakunda, d’une manière ramassée, pendant que c’est une grande communauté mais les Lwanzo n’a pas présenté les Bakunda comme une ethnie phare qui devait être considéré à juste valeur.
Pendant que nous étions entrain de produire le film, il y avait une autre communauté qui s’apparente aux Basanga mais qui vivent dans le Tanganyika, c’était compliqué, j’ai pris mon téléphone et j’ai cherché le chef de chefferie dans le Tanganyika, je lui ai dis ceci, grand chef, j’ai besoin de vous parler parce que de par l’histoire que je suis entrain de lire, de par ce qu’on me raconte, il se pourrait qu’il y aie eu un déplacement d’un camp quittant le Lualaba et le haut-Katanga vers le Tanganyika parce que vous parlez la même langue que nous.
Alors le chef coutumier me dira je peux te répondre par oui et non parce que je ne me reconnais pas comme étant du haut-Katanga, mes ancêtres m’ont dit que je suis du Tanganyika, je lui pose la question comment est ce que vous vous saluez chez vous le matin quand vous vous levez ? il me dit on se salue par Wadhikuké (vous vous êtes bien levés ?) et qui est pareil chez les Basanga, pour dire que vous êtes aussi Musanga.

Donc vous êtes satisfait du travail abattu ?
Très satisfait même, le film m’a permis de reconnaitre et découvrir qu’il y a des frères égarés et qui habitent le Tanganyika et qui parlent comme les Basanga avec le même fonds lexical.
Les échos que j’ai eus aujourd’hui me rendent heureux car ils m’ont permis d’apprendre davantage sur nos communautés, sur nos origines et aussi apprendre sur ce que nous sommes exactement
Les échos que j’ai aujourd’hui est que le film a aussi uni parce que du moment où tu te rends compte que nous sommes les mêmes, nous avons la même histoire et pour moi c’est positif.

Revenons aux JECOKE qui ne sont pas sentis, ont-ils disparus, où ils sont maquis ?
Les Jecoke sont une denrée rare, une espèce en vois de disparition parce que d’abord les Jecoke c’est une dance comique, seule une catégorie de la population Congolaise, Katangaise principalement se reconnais dans cette danse, et donc la période coloniale jusqu’en 1960, les JECOKE sont partis jusque devant le roi des belge en Belgique, ils sont partis en Italie, ils ont dansé sur des podiums en Europe, ils ont évolué au Kenya, à Nairobi après l’indépendance, ils ont eu plusieurs productions pendant la réorganisation de la Gécamines, ils ont eu plus de succès de 1982 jusque vers 1992 avant le pillage. C’est en 1997 avec l’arrivée de Mzée Laurent Désiré Kabila que la danse a à nouveau été revalorisée.

Ceux qui se reconnaissent par rapport à leur période et nous jeunes aujourd’hui devons voir comment pérenniser ce que nos parents ont commencé et c’est ce que je suis en train de faire.
Les Jecoke sont en studio et ont déjà produits 10 chansons que vous allez voir très bientôt et pour moi je voudrai faire en sorte que cette dance ne puisse pas mourir et je répète que c’est une espèce en vois de disparition, les Jecoke sont parmi les danses culturelles du Grand Katanga qui représentent le patrimoine, l’âme même du Katangais parce que c’est depuis la période coloniale jusqu’après l’indépendance que les Jecoke ont égayé la population.
Je rappelle aussi que dans le temps il y ait plusieurs groupes de Jecoke dans les 7 communes de la ville de Lubumbashi et ces derniers s’affrontaient dans des concours.
Le veux de mon cœur c’est d’avoir des groupes Jecoke partout c’est-à-dire pas seulement au grand Katanga, même à Kinshasa pour que nous puissions représenter le Katanga via cette danse comique.

Comment est-ce que Erick Khaloko se définit dans la société ?
Erick Khaloko se définit comme un opérateur culturel qui a compris que le vent panafricain est une lute noble, il se définit comme un acteur majeur pour la promotion de la culture de la RDC, il se définit comme un artiste né qui a besoin de pérenniser ce qu’il a reçu inconditionnellement de ses parents
Je me définit aujourd’hui comme une personne qui a reçu gratuitement, qui a été inculqué des valeurs culturelles pour la promotion du vivre ensemble via le chant, via la musique, via tous les aspects de la culture pour que les gens puissent se sentir unis d’avantage et d’améliorer le mode de vie plus que ce que nous avons trouvé dans le monde, donc nous avons la possibilité et l’avantage de conjuguer les efforts ensemble pour promouvoir la cohabitation pacifique parce que le regard que nous avons sur l’autre, des fois il est erroné, nous avons un regard négatifs, pessimiste, un regard teinté des conflits, des stéréotypes parce qu’on se dit qu’il n’est pas de chez moi, il n’est pas un mien et on le prend toujours pour un opposant et pourtant la perception que nous avons sur l’autre doit changer, quand la perception change, nous avons la possibilité de conjuguer les efforts ensemble.

Quand tu change la perception sur ton prochain, tu vas plus voir ce qui vous unit que ce qui vous diverge, tu vas plus chercher à prendre vos différences comme une opportunité de vie, tu vas prendre ce côté positif pour faire avancer la société que de vous focaliser sur los faiblesses qui détruisent, qui anéantissent. Seul on va vite et ensemble on va plus loin.

Un appel à cette jeunesse qui subit la disparition de la culture ainsi qu’a ceux qui sont sensés la transmettre.
Mon appel aujourd’hui c’est qu’on ne prenne pas la culture comme un anti valeur de notre engagement religieux sans tenir compte bien sur des variantes chrétiennes ou religieuses.
Ici moi je mets les jeunes à une prise de conscience collective chacun dans son domaine de prédilection, la culture est vaste, que chacun puisse à son niveau faire quelque chose pour ne pas l’enterrer, je parle d’enterrer parce que nous ne devons pas enterrer ce que nous avons reçu de nos parents, l’éducation, le savoir vivre, nous devons prendre ce qui est positifs afin de faire avancer la société.

Ce que nous avons reçu comme don, hérité par les gènes, nous devons préserver cela, si c’est dans le cas de la musique pérennisons ce qui est bon dans la musique, si c’est dans la sculpture, si c’est dans tous les domaines de la vie, théâtre, etc., nous devons préserver cela pour ne pas perdre les repères parce que l’identité d’un peuple se définit par sa façon de vivre. Quand on perd l’identité on perd même son âme et quand on n’a pas d’âme, chacun vient déposer ce qu’il veut et c’est comme ça que nous avons des gens qui ne savent d’où ils ne viennent ni là où ils vont, comment allons projeter notre avenir si on manque et on ne maitrise pas ces séquences de la vie.
Nous faisons un appel général à tous les jeunes de prendre conscience que la culture reste un pont qui unit les peuples, elle reste un pont qui peut favoriser le vivre ensemble entre communautés. La clôture reste l’élément moteur, le levier du développement parce que à partir du moment vous vous reconnaissez en quelque chose, à quelque chose, vous pouvez conjuguer ensemble.