Entretien avec Alphonse KAPUTO


ll y a dix mois, alors qu’il était encore membre du conseil d’administration de la Gécamines, Alphonse Kaputo Kalubi recevait Empreinte Magazine pour un entretien dans sa résidence privée de Likasi, la ville montagneuse. Aujourd’hui Président du Conseil d’Administration de cette entreprise étatique, nous vous proposons un retour sur cet échange dans lequel il donnait, à cœur ouvert, sa vision de la Gécamines mais aussi ce qu’il pense du nouveau code minier et du Grand-Katanga après le boom minier.

« Alphonse Kaputo connait la maison. »
La tête clairsemée de cheveux blancs et âgé de 68 ans, Alphonse Kaputo Kalubi qui a quasiment roulé sa bosse à la Gécamines est un pur produit de la boîte. Ses études, ils les commencent dans une école Belge de la cité de Kambove, à 30 kilomètres de Likasi, puis les poursuit à l’athénée royale de Likasi où il obtient son diplôme d’État et entre à l’Université de Lubumbashi (UNILU) d’où il sortira licencié en sciences géologiques, sciences de la terre. Deux ans après, il commence à travailler à la Gécamines qu’il ne quittera plus jusqu’à ce jour.

« Un parcours riche et plein d’aventures »
Sa carrière en tant qu’agent Gécamines n’est pas du tout un mauvais souvenir pour cet homme qui flirt désormais avec les soixante-dix ans et qui a sillonné à l’intérieur et à l’extérieur du Pays. « Un parcours riche et plein d’aventures et de belles expériences », dit-il tout sourire et serein et, qui lui a valu aujourd’hui sa nomination par le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo comme président du Conseil d’Administration. Considéré comme l’un des plus grands géologues de la Gécamines et ayant occupé le poste de Géo DIR (Directeur du département de géologie) pendant plusieurs années, Alphonse Kaputo a été, avec son équipe, une pièce motrice dans la récupération de toutes les concessions à potentiel minier que la Gécamines a en propre ou en partenariat, juste après la promulgation de la première loi minière de 2002 dont il avait contribué à l’élaboration et qu’ il ne considère pas mauvaise même si elle a été révisée dans la dernière année du mandat de l’ancien Président Joseph Kabila Kabange.

« La loi minière de 2002 n’est pas mauvaise et celle qui a été votée en 2018 constitue une amélioration. Ce qui manque chez nous c’est leurs applications pure et simple. La loi elle-même a tous les éléments pour pouvoir bien gérer les matières géologiques mais c’est l’application qui pose problème car si nous pouvons nous discipliner et appliquer tout ce qui est prévu par la loi, on améliorera de loin l’activité minière de la RDC. Pour ça, Il faut aider l’état pour que toutes les dispositions prévues dans les lois puissent être exécutées »

Quid de l’avenir de la Gécamines ?
Alphonse Kaputo alors membre du conseil d’administration, très optimiste, estimait que la Gécamines n’était pas du tout morte et, qu’il ne fallait pas simplement la voir comme produisant 15.000, 20.000 tonnes par an. « Elle est aussi en partenariat avec d’autres entreprises qui lui apporte la production, ce qui lui permet de garder un certain niveau de compétitivité et la Gécamines redeviendra le fleuron de l’économie nationale ».

Pour Alphonse Kaputo, la Gécamines doit toujours être considérée comme la locomotive de l’économie de la RDC, que tous devraient se mettre en tête que « sans que la Gécamines ne puisse repartir, tout ne repartira pas ».

A la question de savoir l’impact de ses nouvelles exploitations minières sur le social de la population, Alphonse Kaputo renvoi les uns et les autres à la loi minière. « Tout n’est pas accepté par les miniers, il faudrait alors les amener, les accompagner à respecter ce que la loi minière à prévue. Les nouvelles sociétés demandent à ce que l’Etat s’implique, elle se limitent à payer la taxe, tout ce qu’il y a comme obligations légales, elles voudraient que la partie sociale soit prise en charge par l’Etat, par les organismes étatiques. »

Pour lui il est encore possible de faire ce que la Gécamines faisait déjà par le passé ; construire des écoles, des hôpitaux, etc. « S’il faut reprendre ce qu’elle faisait dans le temps, c’est encore à l’État de le définir, c’est à lui de demander aux entreprises de ne pas se limiter qu’à leurs objets sociaux de produire du cuivre et de produire les métaux, mais aussi à l’aider à faire le social. Le problème est celui-là, donc on paie les impôts et on voudrait que le gouvernement fasse sa part.

Un Katanga sans cuivre, ni cobalt Pour le nouveau président du conseil d’administration de la Gécamines, c’est maintenant qu’il faut déjà y réfléchir même si le cuivre et le cobalt ne vont pas s’épuiser d’aussitôt. « L’après cuivre et l’après cobalt doit être préparé maintenant en se tournant vers l’agriculture, l’élevage et des activités agro pastorales pour nourrir au mieux et bien s’occuper de la population ».

Tout n’est pas accepté par les miniers, il faudrait alors les amener, les accompagner à respecter ce que la loi minière à prévue. Les nouvelles sociétés demandent à ce que l’Etat s’implique, elle se limitent à payer la taxe, tout ce qu’il y a comme obligations légales, elles voudraient que la partie sociale soit prise en charge par l’Etat, par les organismes étatiques.


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