Sacrés politiciens congolais : quand la visibilité sportive du pays prend le pas sur l’avenir de nos enfants, la santé et les infrastructures.

Tandis que les logos de la RDC s’invitent fièrement sur les maillots de clubs prestigieux comme Monaco, l’AC Milan ou Barcelone, les écoles manquent de bulletins, les hôpitaux de soins, les routes de bitume, et la police d’équipements de base. Le gouvernement se félicite d’une visibilité internationale achetée à prix d’or, près de 30 millions de dollars pendant que le pays s’enlise dans un sous-développement organisé. Cette tribune dénonce un choix politique incohérent, où l’image supplante les priorités vitales, et où l’avenir des Congolais est sacrifié sur l’autel du marketing.
L’avenir de la RDC est en train d’être sacrifié, lentement, méthodiquement, dans une indifférence presque assumée. Nos enfants, privés d’une éducation digne, sont littéralement enterrés vivants, tandis que certains de nos dirigeants préparent déjà les slogans électoraux de 2028, fièrement ornés d’un bilan fait d’illusions.
Oui, Monaco, AC Milan, Barcelone et d’autres clubs de renom arboreront le logo de la RDC lors de leurs prochaines compétitions. Oui, le pays gagnera une certaine visibilité sur la scène internationale. Mais à quel prix ? 30 millions de dollars.
C’est le montant qui avoisine le sponsoring de ces partenariats de visibilité. Trente millions de dollars pendant que l’éducation publique est à genoux, incapable même de fournir les bulletins scolaires de l’année passée. La ministre concernée a tenté d’expliquer cet échec… mais faut-il encore y croire ? Ou plutôt faire semblant de croire, par obligation civique ?
Pendant ce temps, les routes nationales se désagrègent, les centres de santé survivent dans un état déplorable, et les forces de l’ordre manquent cruellement de moyens pour assurer la sécurité d’un peuple déjà abandonné.
Et c’est dans ce contexte de crise multisectorielle qu’on choisit d’investir dans le prestige, au lieu de réparer l’essentiel.
Est-ce vraiment le bon moment ? Y a-t-il eu une étude d’impact sérieuse, une stratégie réfléchie, des objectifs mesurables ? Rien n’est moins sûr.
Certes, la RDC n’est pas invisible sur la scène mondiale. Elle est connue. Par sa musique, sa culture, ses ressources, et malheureusement… par ses souffrances aussi. Un investissement structuré dans la culture, l’éducation, et le tourisme aurait permis de bâtir une image forte, solide, ancrée dans le réel.
Mais ici, on veut vendre une vitrine avant de construire la maison.
Et que viendront découvrir ces touristes tant espérés ?
Des hôpitaux délabrés, des routes en ruine, des populations épuisées ? Quelle culture peut-on transmettre quand elle est elle-même négligée et non protégée ?
À force de tout miser sur l’image, on fabrique du vide.
On agite un drapeau sur la scène du monde, pendant que les fondations s’effondrent.
Le slogan « Terre d’espoir, pays d’avenir » sonne creux, vidé de sens par des choix politiques qui donnent la priorité à l’apparence plutôt qu’à la construction réelle d’un avenir meilleur.
Il est temps, urgemment temps, d’inverser cette logique.
D’abord bâtir, ensuite inviter.
Car sans cela, nous ne vendons pas un pays… nous vendons un mirage.
Daël TUMBWE | Empreinte Magazine.
Vues : 2